Coca-Cola, champion du monde de la pollution plastique pour la quatrième année consécutive

Des déchets plastiques à Brno, en République tchèque, le 21 septembre 2006.

Des déchets plastiques à Brno, en République tchèque, le 21 septembre 2006. IGOR SEFR/AP/SIPA

Selon un classement de l’ONG Break Free From Plastic, la marque de sodas américaine est responsable de près de 20 000 déchets plastiques récupérés dans 39 pays différents. En deuxième et troisième positions suivent PepsiCo et Unilever.

Chaque année, Break Free From Plastic, une coalition mondiale d’ONG, crée un classement des entreprises championnes de la pollution plastique. Et chaque année, Coca-Cola se retrouve sur la première place de ce podium peu reluisant.

Pour cette édition 2021 [PDF], la marque de sodas américaine ne fait pas exception : avec 19 826 déchets plastiques identifiés dans 39 pays différents, l’entreprise est loin devant les autres industries de l’agroalimentaire, et possède une empreinte supérieure à celles de PepsiCo et Unilever réunis (respectivement deuxième avec 8 231 déchets plastiques et troisième avec 6 079).

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Viennent ensuite compléter ce palmarès Nestlé (4 149 déchets plastiques recensés dans 30 pays), Procter & Gamble (1 939 déchets dans 30 pays), Mondelez International (2 065 détritus dans 28 pays) et le leader mondial de l’industrie du tabac, Philip Morris (1 505 plastiques dans 26 pays). Pour la première fois, un français se hisse dans le classement : Danone occupe la huitième place avec 3 223 déchets plastiques ramassés dans 25 pays. Loin derrière, se trouvent Mars (9e place) et Colgate-Palmolive (10e du classement).

Pour réaliser ce classement, l’ONG Break From Plastic a mobilisé 11 000 bénévoles et organisé 450 collectes de déchets dans 45 pays. L’objectif : ramasser les déchets sur les plages, dans les rues ou les parcs pour identifier les marques responsables de cette pollution. Bouteilles d’eau, canettes de soda, pots de yaourt, compotes à boire, gels douches, tubes de dentifrice, bidons de lessive, paquets de cigarettes… Au total, 330 493 déchets plastiques ont été récupérés cette année, mais moins de 60 % ont pu être associés à une marque.

Une situation dégradée d’année en année

Pire encore que ces chiffres vertigineux, la pollution plastique de Coca-Cola ne s’améliore pas. En 2018, lors de la publication de son premier rapport, Break Free From Plastic avait recensé 9 216 détritus de plastique dus à des produits Coca-Cola, 11 732 l’année suivante et 13 834 en 2020.

« La protection de l’environnement est une priorité majeure, proclame pourtant la marque sur son site internet. Nous nous engageons notamment à permettre la collecte de tous les emballages de nos produits d’ici à 2025 afin qu’ils ne finissent pas comme des déchets sauvages ou dans les océans. » On est encore loin du compte.

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Mais ce classement n’a rien d’étonnant. L’entreprise américaine est en effet celle qui génère le plus d’emballages plastiques selon un rapport publié en 2019 par la Fondation Ellen-MacArthur et le Programme des Nations unies pour l’Environnement. La marque en produit trois millions de tonnes par an, soit environ 108 milliards de bouteilles (une bouteille sur cinq dans le monde).

« Fausses solutions »

Contacté par « le Monde », Coca-Cola a reconnu qu’« il reste encore beaucoup à faire » mais a aussi assuré prendre des mesures « globales » pour lutter contre ces déchets. « Nous restons déterminés à faire en sorte que tous les matériaux que nous utilisons dans nos emballages soient collectés et circulaires, afin qu’aucun d’entre eux ne finisse en déchet. » Plus tôt en octobre, la marque a promis d’attacher les bouchons aux bouteilles de Coca-Cola afin de réduire la pollution (omettant de mentionner que ce type de bouchons sera rendu obligatoire par la Commission européenne à partir de juillet 2024).

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Des annonces bien insuffisantes selon les associations environnementales, notamment parce que Coca-Cola tout comme PepsiCo et Unilever s’étaient déjà engagés en 2018 à réduire l’usage du plastique par le biais d’un accord avec la Fondation Ellen-MacArthur. Pourtant, en 2019, il avait augmenté de 0,6 % et le plastique recyclable représente toujours moins de 2 % des emballages.

Pour l’ONG, les multinationales ne font que « prétendre » s’attaquer à la crise du plastique. « Il est temps pour les entreprises d’arrêter de promouvoir de fausses solutions et de se concentrer sur la vraie réponse : éliminer immédiatement le plastique à usage unique et passer d’une culture du jetable à une économie circulaire », conclut le rapport.

Sur le sujet EcoloObs

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